Juste un petit mot car je suis une fois de plus amusé par les « fils spirituels » de Orwell et de son roman « 1984 ». Des fils spirituels qui se réfèrent sans cesse à ce Nostradamus des temps modernes qui adresserait un message à l’humanité de la fin du 20e siècle afin que nous fassions en sorte aujourd’hui que notre monde ne ressemble pas à ce modèle déshumanisé qu’il nous propose.
Un système ressemblant en certains points? Pourquoi ne pas dire semblable en certains points.
J'ai moi même lu ce livre il y a bien longtemps maintenant, alors les souvenirs sont flous. Mais ce livre a été écrit en 1948 comme soit disant un "roman d'anticipation"... au sortir de la guerre. Je suis toujours amusé en lisant le nombre de commentaires qui sont faits sur ce livre. Nous avons tous la lecture d'un auteur visionnaire qui aurait voulu mettre en garde la descendance humaine (c'est à dire nous). Je m'explique, comme si ce charmant Orwell voulait nous adresser un message à nous en 2006 (ou plus exactement 1984, c'est facile à deviner) "faites attention en votre temps de ne pas devenir cette humanité que je décris dans ce livre".
Et si nous faisions un énorme contresens en lui attribuant le génie de s'adresser directement à nous? Et si nous faisions un énorme contresens en nous imaginant que le génie d’Orwell est trop novateur pour être compris en 1948 et donc que cela s’adresse forcément à nous aujourd’hui ? Et si au sortir de la guerre Orwell avait eu une démarche beaucoup plus naturelle qui est de mettre en garde ses propres CONTEMPORAINS (comme le font les écrivains en général). Cela pourrait vouloir dire "prenez garde, si en 1948 nous ne remettons pas en cause certains choix qui nous gouvernent, voilà ce qui nous attend". Alors cela voudrait dire que son message ne peut nous être adressé car nous sommes sa vision.
Alors à votre avis a-t-il été entendu à son époque?
Et si les ressemblances entre son 1984 et notre monde actuel n'étaient pas fortuits, et si pour se projeter il s’était largement inspiré de sa connaissance en la nature humaine ainsi que des techniques de manipulation sociale et de foule dont l'Europe venait de connaître une démonstration bien spectaculaire. Dans ce cas, aux quelques erreurs "d'anticipation" près (du genre progrès technologique, état des religions, etc...) il serait normal que la réalité rejoigne petit à petit la fiction avec un peu de retard, d’autant plus si dès à présent il y a des « ressemblances sur certains points ».
J'imagine alors que les blogs n'existeraient pas. Mais certaines ressemblances existent, et les progrès scientifiques apportent désormais des espaces de contrôle que Orwell ne pouvait alors même pas entrevoir. Alors vous avez raison tous, prêtons à Orwell des intentions qu’il n’avait peut être pas et écoutons son message comme celui d'un génie qui nous implorerait, à notre époque, d'être vigilants... En attendant j’en profite pour glisser à mon tour une mise en garde toute Orwellienne (et toutes proportions gardées, modestement quoi !), balançons nos TV par la fenêtre, juste par principe de précaution en imaginant ce qu’elle peut devenir, disons… au cours des cinq prochaines années… Euh… excusez moi d'être si triste de propos tout à coup, je ne souhaitais pas vous saper le moral.
A bientôt
PS, je demande par avance l'indulgence de tout critique littéraire qui se perdrait sur ce site par un clic incontrôlé du style peau de banane sous la chaise à roulette ou éternuement de la main droite. Cela fait à peut près quinze ans que j'ai lu le bouquin, ce qui pourrait me laisser à côté de la plaque tout amusé que je suis. D'autant que ce débat mériterait bien une nuit entière et quelques moussettes, mais là c'était juste une p'tite pause.